Entretien Noémie Moreau, Mantu

  • 29 septembre 2021
  • Marion Letorey
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Noémie Moreau est Directrice du département PMO et du département Risque, audit et conformité au sein de Mantu. Depuis 2016, elle travaille à faire progresser le groupe de manière opérationnelle en matière d’impact.

Genèse de de l’intégration du Positive Impact au sein d’un grand groupe international.

Groupe international fondé en 2007, présent dans 60 pays et comptant 7 000 collaborateurs, MANTU se positionne en tant que « global player » pour offrir conseils et services aux entreprises et entrepreneurs. Aujourd’hui le groupe compte plus de quinze marques au sein de son écosystème, dont un certain nombre de startups.

En 2016, le groupe confie à Noémie Moreau la responsabilité du déploiement de la norme relative à la sécurité de l’information, et inclut dans le système normatif le développement durable. En six ans, Noémie évolue rapidement au sein du groupe, jusqu’à piloter le département de Certification, Audit et Conformité. En 2020, elle accompagne Constance Névoret, exécutive VP dans la création du département Positive Impact, qui a pour rôle de traduire concrètement « l’ambition et la stratégie du groupe » en termes de durabilité dans toutes les sphères de l’entreprise.

Le positive impact au sein de Mantu, une application « très concrète »

Noémie Moreau explique que si le Positive Impact est une « notion très large », il traduit finalement la façon dont l’entreprise « interagit avec le monde ». Mettre en place une stratégie de positive impact consiste à « se demander continuellement quel est l’impact de nos décisions sur notre environnement, à la fois à l’intérieur de l’entreprise, avec nos parties prenantes et plus largement avec le monde ».

Ce n’est pas de la communication, c’est très concret. Il s’agit d’apporter quelque chose de positif, qui diffère des modèles existants. (…) Les enjeux sociétaux sont des enjeux très concrets, qui concerne le fonctionnement de toutes les organisations et de chacun d’entre nous à titre individuel, explique encore Noémie Moreau.

Le groupe souhaite aujourd’hui intégrer plus d’éléments de performances durable et responsable dans ses offres. « Pour chaque client, si nous arrivons à inclure un élément de Positive Impact, c’est une victoire de plus, une façon de l’accompagner dans la transition » développe-t-elle encore. Elle ajoute « Aujourd’hui, le développement durable est indissociable des enjeux de business. Il serait faux de vouloir opposer les deux parce que désormais il ne peut y avoir de business sans impact positif. C’est une nécessité autant qu’une attente de la société et du marché ».

Le déploiement opérationnel du positive impact se justifie par des demandes externes toujours plus croissantes.

D’abord, « De plus en plus de candidats demandent des preuves de notre engagement (…) ils sont de plus en plus sensibles aux engagements pris par l’entreprise et attendent des preuves de leur implication. Ils veulent savoir quelle est la contribution positive du Groupe à notre monde et ensuite quelle sera leur contribution au sein du Groupe » explique Noémie Moreau. Il est « déterminant de savoir répondre à ces attentes ». Les talents de demain veulent pouvoir mesurer concrètement l’impact positif généré par l’entreprise dans laquelle ils évolueront.

Ensuite, la demande de mesure vient aussi du monde de la finance qui « commence à s’emparer de ces sujets ». A titre d’exemple, cet été le groupe a tenu à indexer son financement sur les critères ESG. « Ce sont donc les résultats du département Positive Impact qui détermineront le taux de financement du Groupe ». C’est grâce aux accomplissements mesurables du département que le groupe Mantu parvient à convaincre talents et partenaires de devenir parties prenantes de son développement.

Aujourd’hui, l’équipe positive impact a permis le déploiement de mesures basées sur des référentiels tels que l’ISO 26 000 sur la partie sociale, de bilan GES mis à jour chaque année, la cotation Ecovadis, ou encore le Global Reporting Initiative au sein du groupe.

Fédérer l’ensemble du groupe dans la démarche de positive impact : un challenge ambitieux mais atteignable.

« Aujourd’hui, nous n’arrivons pas à toucher tout le groupe car il y a des différences culturelles, mais les enjeux sont bien compris », reconnaît Noémie Moreau. Pour autant, « La mécanique et la culture de Mantu font que les équipes s’engagent facilement sur ces sujets-là ». Et c’est bien tout l’enjeu des efforts déployés par l’équipe Positive Impact que de transmettre à chacun des talents présents dans 60 pays, l’importance des efforts à mener pour atteindre les objectifs fixés vers en matière de performance durable. « Globalement je suis très fière de la capacité du groupe à se mobiliser », poursuit Noémie Moreau.

Pour ce faire, l’équipe positive impact s’appuie sur des outils tels que la matrice de matérialité, qui permettent de « fédérer autour de sujets qui peuvent paraître marginaux mais qui ont de grandes répercussions », continue Noémie Moreau. Les questionnaires permettent à ce titre de « générer de l’engagement » en mobilisant des sujets qui comptent pour les talents du groupe.

Elle poursuit : On ne peut pas tout faire en même temps. Il faut réfléchir à ce que l’on veut faire et comment on souhaite le faire en prenant en compte les avis de toutes nos parties prenantes.

La communication et la transparence en tant que facteurs clés de réussite.

Quelles que soient les priorités retenues, « la transparence est l’un des piliers du développement durable », souligne Noémie Moreau. C’est pourquoi il est important d’ « intervenir dans toutes les sphères de gouvernance ».

Le positif impact est « vrai sujet de société ». Plus il est abordé dans toutes les strates d’une entreprise, plus « les sujets deviennent normaux et ne sont plus tabous ». La communication permet de rassurer les parties prenantes à condition d’adopter « un discours de preuves avec des concrétisations ». En effet, déployer le positive impact relève d’une « démarche scientifique, très carrée ». Pour communiquer auprès des parties prenantes du groupe, un outil comme le Transparency Report peut s’avérer utile.

« Je pourrais passer la journée à vous parler des projets desquels je suis fière au sein de l’équipe positive impact », conclut Noémie Moreau.

Les grands groupes ont leur rôle à jouer aux côtés des startups.

Aujourd’hui certaines entreprises ont plus de pouvoirs que des Etats entiers », constate-elle. Ces entreprises ont une vraie responsabilité à faire en sorte que ces sujets soient au cœur de leur stratégie et de leur quotidien.

Pour autant, « les startups ont une vraie capacité d’innovation » et elles ont un poids toujours plus grand dans l’intégration croissante du positif impact dans les nouveaux modèles économiques. « Lancer de l’innovation sans avoir l’appui des lobbies et des grandes entreprises, c’est compliqué, chacun doit s’y mettre à son niveau », d’après Noémie Moreau. « Pour que les startups aient autant de poids que des GAFA, il faut monter des écosystèmes. Les startups innovantes sont une nouvelle fourmilière, si chacune travaille dans son coin, c’est compliqué, mais si chacune s’intègre dans un système, elles auront plus d’impact ».

Article issu de l’interview réalisée par Mantu dans le cadre de l’Enquête « Startup & Impact positif : Les prochains piliers de la transition durable ». 

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