CSRD : comprendre la norme ESRS E4 : biodiversité et écosystème

  • 25 février 2025
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Avec l’adoption de la directive CSRD, les entreprises sont tenues de se conformer aux normes européennes de reporting en matière de durabilité, appelées ESRS (European Sustainability Reporting Standards). Parmi ces normes,  l’ESRS E4 se concentre sur l’impact de l’ensemble des différentes activités de l’entreprise et de sa chaîne de valeur sur la biodiversité et les écosystèmes, un enjeu environnemental majeur qui exige une prise de conscience et des actions concrètes.

Comprendre l’ESRS E4

L’ESRS E4 impose aux entreprises d’identifier, d’évaluer et de rapporter leur impact sur la biodiversité et les écosystèmes. Comme pour tous les ESRS, même si vous n’êtes pas systématiquement concerné par l’ensemble des points, l’objectif est d’être le plus exhaustif possible. Ce volet inclut :

  • L’utilisation des terres et ses conséquences sur les habitats naturels.
  • La fragmentation des écosystèmes.
  • La pollution affectant la faune et la flore.
  • L’exploitation des ressources naturelles et ses effets sur la biodiversité.

Les entreprises doivent également démontrer dans leur reporting leurs efforts pour minimiser ces impacts et mettre en œuvre des actions en faveur de la préservation et de la restauration des écosystèmes.

Les enjeux de la CSRD vous paraissent encore flous ?

Impact des entreprises sur la biodiversité

Les activités économiques influencent directement et indirectement la biodiversité. Par exemple, l’agriculture intensive, l’exploitation forestière, l’urbanisation et l’extraction des ressources naturelles conduisent à la destruction des habitats et à l’appauvrissement des écosystèmes. De plus, les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’eau contribuent à la dégradation de la faune et de la flore.

Les entreprises doivent donc cartographier leurs zones d’activité et évaluer leur impact environnemental pour se conformer aux exigences de l’ESRS E4. Une analyse approfondie de la chaîne de valeur et des fournisseurs est également essentielle pour identifier les risques cachés et proposer des solutions adaptées.

Reporting et indicateurs clés (KPI)

L’ESRS E4 exige que les entreprises publient des indicateurs précis pour mesurer leur impact sur la biodiversité. Mais comme pour tout indicateur, ces KPIs doivent dépasser le simple reporting obligatoire pour devenir un véritable outil permettant de piloter et d’adapter la stratégie de l’entreprise. Parmi ces indicateurs, on retrouve :

  • La surface de terres exploitées ou protégées.
  • La perte d’habitat causée par l’activité économique.
  • Les initiatives mises en place pour la restauration des écosystèmes.
  • La consommation de ressources naturelles et ses effets sur la biodiversité.
  • La part d’investissements dédiés à la préservation des écosystèmes.
  • L’engagement avec les parties prenantes locales pour la protection de la faune et de la flore.

Comme pour le point précédent, les entreprises doivent également démontrer comment elles intègrent la biodiversité dans leur stratégie et quels objectifs elles se fixent pour réduire leur empreinte écologique.

Mesures et initiatives

Pour répondre aux exigences de l’ESRS E4, plusieurs mesures peuvent être mises en place :

Réduction de l’empreinte écologique : Diminuer la consommation de ressources et limiter les rejets polluants. L’idéal est de pouvoir mettre en place cela sur l’ensemble de la chaîne de valeur.

Restauration des écosystèmes : Participer activement à la reforestation et à la protection des zones naturelles sensibles.

Approvisionnement durable : Privilégier des matières premières issues de sources responsables et avec une bonne traçabilité.

Sensibilisation et gouvernance : Mettre en place des formations et des politiques internes pour assurer une gestion durable de la biodiversité.

Développement de solutions basées sur l’environnement : Lorsque cela est possible, favoriser des infrastructures vertes, comme les toitures végétalisées ou les zones humides artificielles, pour compenser l’impact des activités industrielles.

Collaboration avec des ONG et des scientifiques : Travailler avec des experts pour identifier des solutions efficaces et innovantes adaptées aux besoins spécifiques des entreprises.

L’ESRS E4 : Un enjeu stratégique pour les entreprises

Comme nous ne cessons de le répéter, intégrer la biodiversité dans la stratégie d’entreprise n’est pas seulement une obligation réglementaire, c’est aussi une opportunité. Les entreprises qui adoptent des pratiques durables bénéficient d’une meilleure réputation, attirent les investisseurs responsables et répondent aux attentes croissantes des consommateurs en matière d’éthique environnementale.

La préservation de la biodiversité peut également réduire les risques liés aux réglementations futures et aux perturbations des écosystèmes, qui peuvent affecter les chaînes d’approvisionnement et les ressources naturelles nécessaires aux activités industrielles. Plus tôt vous êtes prêts, mieux c’est !

Les entreprises peuvent aussi tirer profit d’un accès facilité à des financements verts, notamment via des obligations vertes et des subventions dédiées à la transition écologique. Elles peuvent également anticiper les nouvelles attentes réglementaires et se positionner comme des leaders dans leur secteur.

Conclusion

L’ESRS E4 impose aux entreprises d’adopter une approche proactive en matière de biodiversité et de protection des écosystèmes. Ce standard joue un rôle essentiel dans la transition écologique et pousse les entreprises à mesurer, réduire et réparer leur impact environnemental. Au-delà de la conformité, c’est un véritable levier stratégique pour construire un modèle économique durable et respectueux de la planète.

À terme, intégrer la biodiversité dans les stratégies d’entreprise permet non seulement d’assurer la pérennité des ressources naturelles, mais aussi de contribuer activement à la préservation d’un environnement viable pour les générations futures. La réussite de cette transition repose sur une approche collaborative impliquant entreprises, gouvernements, société civile et citoyens.